Le but de cette série d'articles est de vous expliquer tous les secrets de la culture des Cactées et autres succulentes. Si vous êtes débutant, prenez connaissance auparavant de notre notice de culture simplifiée pour acquérir les règles de base.
Les principaux ennemis des plantes succulentes sont les cochenilles.
La véritable cochenille, ou kermès, se présente sous forme de petites carapaces blanches ou brunes fixées sur l'épiderme. Elle apprécie particulièrement les Opuntia, les Cereus, les Astrophytum, les Ferocactus, les Mammillaria et les Echinocereus. Elle peut recouvrir de façon très spectaculaire les plantes, mais c'est un insecte peu mobile, qui reste longtemps sur la même plante avant de passer à une autre. En cas d'attaque, une bonne précaution consistera donc dans un premier temps à isoler les sujets atteints.
La cochenille farineuse est un insecte plus mobile, au corps cireux, et qui pullule dans les endroits les plus inaccessibles. On la détecte facilement grâce à la présence de nids cotonneux.
Pour éliminer ces insectes, on doit nettoyer les plantes avec un petit pinceau-brosse à poils courts ou un pistolet d'arrosage assez puissant, puis traiter avec une pulvérisation de produit anti-cochenilles.
Cochenilles (Diaspis echinocacti) sur Myrtillocactus geometrizans.
Pullulation de petites carapaces blanches sur l'épiderme
Cochenilles (Diaspis echinocacti) sur Ferocactus wislizenii
Cochenilles farineuses (Pseudococcus sp.) sur Mammillaria grahamii.
Masses cotonneuses blanches
Cochenilles (Diaspis echinocacti) sur Astrophytum ornatum
Les spécialités courantes à base d'huiles minérales sont utilisables en automne et en hiver sur les Cactées, mais pas sur toutes les plantes grasses, Crassulacées notamment, qui sont très sensibles à ces matières actives huileuses. On évitera de traiter les espèces farineuses (comme Echeveria desmetiana et laui) ou à épiderme couvert de cire (Myrtillocactus geometrizans, Pilosocereus pachycladus), sous peine de voir disparaître leur couche superficielle, et on utilisera la dose recommandée la plus faible.
On peut préférer, pour ces variétés, des produits non huileux, à base de pyrèthre et d'extraits végétaux. Mais ces produits, très actifs sur les larves, sont généralement moins efficaces sur les cochenilles adultes. Il est conseillé de faire un essai avant de généraliser l'emploi sur toutes les plantes. Les adjuvants propres à chaque spécialité peuvent être responsables de problémes de toxicité se traduisant par des brûlures.
Une autre solution consiste à pulvériser du savon noir liquide dilué à raison d'une cuiller à soupe par litre d'eau.
Les poux des racines sont des cousins des cochenilles et des pucerons. Ils s'installent dans les racines des plantes succulentes, surtout pendant la période de repos où la terre est sèche. Les plantes qui les attirent en premier sont les Echinocereus, les Aeonium, les Senecio, les Asclépiadacées (Stapelia, Caralluma, Huernia), et les Aloe. Le traitement consiste à nettoyer les racines au pinceau, à les laver à l'eau savonneuse et à changer de terre.
Les pucerons, petits insectes collants noirs ou blancs, peuvent commettre des dégâts importants sur certaines plantes grasses comme les aloès ou les Haworthia, dont ils dévorent le coeur, ainsi que sur les fleurs des Crassulacées. Heureusement, on les combat facilement avec de nombreux insecticides à base d'extraits végétaux ou d'insecticides de synthèse comme la cypermethrine ou la deltaméthrine, en répétant toutefois le traitement à une semaine d'intervalle et en évitant dutiliser constamment la même matière active, sous peine de voir apparaître des souches résistantes.
De nouveaux insecticides de synthèse, dont la matiére active est dérivée de la nicotine, sont apparus depuis une quinzaine d'années. Ces produits se révèlent extrêmement efficaces sur pucerons, cochenilles farineuses et poux des racines, grâce à leur mode de fonctionnement dit « systémique », qui permet au produit de traverser l'épiderme et de circuler dans la sève de la plante, alors que les produits ordinaires ont un effet de choc limité à l'épiderme et ne pénètrent pas dans la plante. Cependant, compte tenu de l'épaisseur de l'épiderme des Cactées et de certaines plantes succulentes, il est préférable d'appliquer le traitement par arrosage. La matiére active est ainsi absorbée par les racines, passe dans la sève brute montante, puis se répartit dans toute la plante, la protégeant ainsi contre toute attaque d'insecte piqueur ou suceur.
Malheureusement pour l'amateur de cactus, ces produits appartenant à la famille des néonicotinoïdes, sont maintenant quasiment interdits en France en raison de leur grande rémanence, qui menacerait les abeilles. Il faudra donc s'en passer et se contenter de l'eau sous pression et des produits non préoccupants disponibles dans le commerce.
Les acariens ( tétranyques tisserands, araignées rouges...) sont de minuscules parasites qui prolifèrent en atmosphère chaude et sèche. Ils occasionnent des décolorations brunâtres des extrémités des plantes. Les attaques peuvent aller jusqu'à la destruction du bourgeon terminal chez les Cactées et à la disparition des feuilles chez les Mésembryanthémacées. Les Cactées qui les attirent en premier sont les Echinopsis chamaecereus (= Chamaecereus silvestii ), les Coryphantha, les Rebutia, les Lophophora. Parmi les succulentes, Pleiospilos, Pachypodium, Adenium sont leurs genres préférés.
Contre les acariens, le remède préventif consiste à vaporiser souvent de l'eau sur les plantes par temps très sec, à bien ventiler et à ne pas donner trop dazote. En cas d'attaque déclarée, mettez si possible les plantes à l'extérieur et à la pluie pour chasser les parasites. On peut aussi pulvériser de temps en temps un produit spécial « araignées rouges » ou de l'eau légèrement savonneuse.
Piqures de Tetranychus urticae.
Coloration brun clair de l'épiderme par temps chaud et sec
Les thrips de Californie constituent un véritable fléau des Cactées pour les entreprises de multiplication. Petits insectes étroits et allongés, s'attaquant à presque tous les végétaux, ils se reproduisent très vite quand il fait chaud. Quasi invisibles dans la journée, les larves et les adultes piquent le sommet des plantes les plus tendres pour pomper la sève ou pour injecter leurs oeufs. Le résultat ne se voit que quelques jours plus tard. Les parties piquées virent au blanc, puis au brun et parfois des pourritures noires s'installent. Les jeunes plantes des genres Lobivia, Echinopsis, Trichocereus, Stetsonia, Ferocactus, Eriosyce, Copiapoa, sont particulièrement attirants pour ce parasite. A titre préventif, on peut suspendre dans la serre des panneaux englués de couleur bleue, qui attirent les adultes volants.
Les plantes atteintes se remettent difficilement à pousser en produisant plusieurs têtes latérales, parfois après plusieurs années, mais pour les semis ou les repiquages, la moindre attaque est généralement fatale et se solde par la perte des plantes.
Dégâts de thrips sur Ferocactus,
apex complètement détruit, pas de repousse.
Dégâts de thrips sur Oreocereus celsianus,
apex marron et desséché, pas de repousse.
Dégâts de thrips de thrips sur Echinopsis ferox,
apex en partie endommagé,
d'où repart difficilement la plante.
Dégâts de thrips sur Trichocereus macrogonus,
sommet très endommagé,
d'où repart difficilement la plante.
Les racines des plantes cultivées en pleine terre dans certaines régions aux hivers doux peuvent être contaminées par les nématodes (ou anguillules), sortes de vers microscopiques qui provoquent la thrombose des canaux conducteurs de sève. L'aspect des plantes atteintes est celui d'une plante assoiffée : ridée et jaunâtre. Quand on procède à l'arrachage et à l'examen des racines, on peut voir des nodosités, des galles et des racines décomposées. Ce type de parasite ne peut s'éliminer une fois qu'il est en place dans un terrain. Pour sauver les plantes, il faut couper toutes leurs racines jusqu'au collet, les mettre à sécher un mois ou deux et les faire redémarrer en pot dans de la terre saine.
Si vous sortez vos plantes à la belle saison, ne les posez pas par terre si votre jardin est contaminé. Vous risqueriez d'introduire les parasites dans votre serre en automne. Placez-les plutôt sur une terrasse bétonnée ou dallée. Méfiez-vous également des gros sujets proposés à la vente dans les jardineries. Ils proviennent généralement de pépinières de pleine terre situées dans des pays chauds, et risquent fort d'être parasités par les nématodes. Placez les en quarantaine après l'achat et vérifiez l'état des racines avant de les introduire dans votre collection.
Malgré les arrosages, ce Ferocactus herrerae reste ridé et jaunâtre, signe d'un problème de racines.
Une fois arraché, on peut voir sur ses racines des galles, des nodosités et des parties pourries.
Très important : les insecticides sont des produits dangereux. Lisez bien la composition sur l'étiquette pour savoir si votre produit convient. Les insecticides ne sont utilisables qu'en plein air ou en serre, jamais dans la maison, en respectant bien les prescriptions, dosages et précautions d'emploi indiqués sur l'emballage. Et notamment : protégez-vous, respectez les abeilles, ne traitez pas les plantes en fleur, attendez la fin de la floraison, ne surdosez pas les produits, ne traitez pas sans raison.
En ce qui concerne la réglementation en Europe, tous les produits de traitements phytosanitaires, d'origine chimique ou naturelle, doivent être homologués et disposer d'un numéro d'Autorisation de Mise sur le Marché ou AMM. Pour consulter la liste des produits de traitement autorisés en France, allez sur le site : http://ephy.anses.fr/ . Vous y trouverez la liste des usages autorisés pour chaque matière active ou chaque produit commercial, la liste des produits "retirés" (interdits en France), etc. Si vous découvrez au fond d'un placard un produit non autorisé en France, ne le jetez pas, vous devez le confier à une entreprise spécialisée dans la collecte des produits dangereux.
Pour identifier avec précision un insecte, rendez-vous sur le site de l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique).